Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en second du régiment de Bourbon. On disait qu’il était le neveu de Mme de Belzunce, bien qu’il fût seulement son parent éloigné. D’ailleurs, lorsqu’il avait pris garnison à Caen, en avril 1789, l’abbesse était morte depuis deux ans. C’était un jeune homme de vingt-quatre ans, mince et joli, pâle et brun, élégant, hautain. S’il aimait passionnément son métier et son roi, il méprisait le peuple et la Révolution.

En toute occasion, il affichait ses sentiments avec tant d’éclat, de morgue, d’arrogance téméraire, que ses chefs se proposaient de l’éloigner. Il parcourait toujours la ville à cheval, suivi de soldats montés, et le pistolet vite au poing.

Dès la fin de juin, il provoqua le mécontentement populaire. On apprit à Caen, le 29, que la Noblesse et le Clergé consentaient à rejoindre le Tiers État à l’Assemblée Nationale. En signe d’allégresse, une pyramide de bois, peinte en marbre bleu, fut élevée dans le faubourg de Vauxcelles. Elle portait sur ses trois faces : « Vive le Roi ! Vive Necker ! Vive les Trois Ordres ! » Elle était ornée de fleurs et de guirlandes. On l’illuminait le soir. Ces réjouissances déplurent au jeune Henri de