Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/45

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arrivèrent trop tard : les réfractaires avaient fui.

Mais la troupe pilla le presbytère, dévasta des maisons. Elle outragea des femmes, comme la sœur du curé, la mère d’un chanoine, leur coupa les cheveux à coups de sabre, parfois leur entaillant le front. Couvertes de sang, pieds nus, ces malheureuses furent attachées aux canons et ramenées à Caen dans la nuit, parmi d’autres prisonniers. On les contraignit à porter des torches et parfois leurs gardiens s’en emparaient pour brûler les cheveux qu’ils jugeaient encore trop longs. Trois de ces femmes moururent quelques jours plus tard.

L’expédition était dirigée par Gabriel de Cussy, le nouveau commandant de la Garde Nationale. C’était lui qui, député à la Constituante, avait annoncé à ses compatriotes, dans un délire d’enthousiasme, la nuit divine du 4 août. Pris au jeu terrible de la surenchère, il se dépassait pour n’être pas dépassé. Il avait marché à l’allure de la Révolution.

Charlotte s’inquiétait, s’alarmait. De telles scènes ébranlaient sa foi. Le grand effort de