Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un groupe de députés du Sud-Ouest, la Gironde, existait déjà dans la Législative. Leur parti était revenu plus nombreux à la Convention. Et, bien qu’ils fussent désormais recrutés dans toutes les régions, on continuait de les appeler les Girondins. Ils tenaient le pouvoir. Ils auraient voulu fixer la Révolution, l’organiser dans la paix.

Entre les Montagnards et les Girondins, s’étendait la Plaine ou le Marais, masse inerte, incertaine, ballottée, comme un lest mal arrimé, d’un bord à l’autre, au gré des tempêtes.

Moins séparés par les doctrines que par les moyens d’en assurer le triomphe, les Girondins et les Montagnards s’entre-déchiraient. Éternel conflit entre les partisans de la réforme et ceux de la violence. Les Girondins accusaient les Montagnards de pousser le pays vers la dictature ou l’anarchie. La Montagne incriminait la Gironde de fédéralisme. Par une perversion fréquente, le mot avait changé de sens. On était loin des fêtes grandioses de 1790, qui célébraient la touchante union des provinces, la Fédération. D’après les Montagnards, les Girondins voulaient créer de petites républiques provinciales, dissocier la patrie.