Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/134

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pacifisme frappe le pacifisme lui-même. Il faut qu’il atteigne, à travers ces tristes fantoches, tous ceux qui ne conçoivent pas la tactique sociale, la conduite de la guerre, la conclusion de la paix, selon l’orthodoxie ; tous ceux qui gênent le dogme, tous les grands schismatiques. Il faut qu’ils soient balayés de la route, afin que soient atteints les buts convoités et promis.

C’est le duel de deux politiques. Duel implacable, car les passions s’exaspèrent et se tendent à mesure que le drame se prolonge. C’est un aspect nouveau, tragique, de l’antagonisme entre l’esprit de paix et l’esprit de guerre.

2 octobre 1917.

Ce soir, dans un dîner, un jeune capitaine, couvert de décorations, conta ceci :

— Un de mes soldats voulut passer à l’ennemi. Il fut pris et jugé par un régiment voisin. L’exécution était certaine, inévitable. J’obtins de voir cet homme. Je lui donnai un revolver et cinq minutes pour se tuer. Ainsi, on pourrait écrire à sa vieille mère qu’il était mort glorieusement.