Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/110

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à distribuer aux troupes, à l’occasion de Noël ?

Tous ceux qu’atteignent ces brimades et ces dédains s’en vengent malicieusement. Ils s’amusent du surnom que les soldats donnent aux États-Majors : « La viande de conserve ». Et aussi de cette plaisanterie qui court les tranchées : « Quelle différence entre un État-Major et la porcelaine de Chine ? Aucune. Car l’un et l’autre sont décorés avant d’aller au feu. » Qu’un ministre fatigué soupire : « Ah ! Je voudrais bien être général, afin de me reposer », ils trouvent la boutade très drôle. Eux-mêmes insinuent que les hôpitaux consacrés au traitement des blessures aux yeux devraient être pleins de généraux, parce qu’ils se sont mis le doigt dans l’œil. Et si l’on s’étonne devant eux que les avions et les dirigeables allemands n’accablent pas Chantilly, où gite le Grand Quartier, ils signifient d’un clin d’œil et d’un « Tiens ! parbleu… » que l’ennemi, craignant d’avoir des adversaires plus redoutables, épargne ceux qu’il a.

Seulement, ah ! seulement, ils ressemblent à ces mères qui reconnaissent à leur enfant les pires défauts, mais qui deviennent féroces dès qu’une autre voix élève sur lui la moindre critique. Ils veulent bien dénigrer les militaires,