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LES « HAUTS FOURNEAUX »

rue ! Je les ai trouvés attablés pour le petit déjeuner, la serviette au menton, devant des jattes de café au lait, des tartines grandes comme des semelles…

Je m’expliquais son air penaud : il était vexé d’être pris en flagrant délit de bonne action. C’était bien de lui. Je l’aurais embrassé, mon vieux Paron.

Il me reconduisit. J’appréhendais l’inévitable conversation sur la guerre, les propos prudents et convenus qu’on échange au premier contact. Mais il m’avoua tout de suite, son long visage soudain vieilli : « Cette guerre m’inspire une horreur sans nom ». Ah ! Comme je me suis sentie allégée, délivrée… Enfin, j’ai parlé, j’ai entendu parler comme je pense. À son tour, il s’animait. Il me confia qu’il était hanté, lui aussi, par le besoin de délier les causes du conflit, de découvrir le jeu des ressorts secrets qui avaient préparé, provoqué l’explosion. Et sa consolation serait de vivre assez pour étaler au jour le plan, le mécanisme de l’ignoble engin, pour crier « casse-cou ! » à ceux qui nous suivront sur la terre.

Actuellement, Paron est sans cesse en route. Mais nous nous sommes promis de nous revoir souvent à Paris. Il m’aidera. Ses vues s’ajoute-