Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/370

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Pour arriver à trouver cette nature des choses humaines, la science nouvelle procède par une analyse sévère des pensées humaines relatives aux nécessités ou utilités de la vie sociale, qui sont les deux sources éternelles du droit naturel des gens (axiome 11). Ainsi considérée sous le second de ses principaux aspects, la science nouvelle est une histoire des idées humaines, d’après laquelle semble devoir procéder la métaphysique de l'esprit humain. S’il est vrai que les sciences doivent commencer au point même où leur sujet a commencé (axiome 104), la métaphysique, cette reine des sciences, commença à l’époque où les hommes se mirent à penser humainement, et non point à celle où les philosophes se mirent à réfléchir sur les idées humaines.

Pour déterminer l’époque et le lieu où naquirent ces idées, pour donner à leur histoire la certitude qu’elle doit tirer de la chronologie et de la géographie métaphysiques qui lui sont propres, la science nouvelle applique une critique pareillement métaphysique aux fondateurs, aux auteurs des nations, antérieurs de plus de mille ans aux auteurs de livres, dont s’est occupée jusqu’ici la critique philologique. Le criterium dont elle se sert (axiome 13), est celui que la Providence divine a enseigné également à toutes les nations, savoir : le sens commun du genre humain, déterminé par la convenance nécessaire des choses humaines elles-mêmes (convenance qui fait toute la beauté du monde social). C’est pourquoi le genre de preuves sur lequel nous nous appuyons principalement, c’est que, telles lois étant établies par la Providence, la destinée des nations a dû, doit et devra suivre le cours indiqué par la science