Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
HISTOIRE DE FRANCE.

Æmort devait lire ou remettre à d’autres morts. Souvent même ils prêtaient de l’argent à rembourser dans l’autre vie.

Ces deux notions combinées de la métempsycose et d’une vie future faisaient la base du système des druides. Mais leur science ne se bornait pas là ; ils étaient de plus métaphysiciens, physiciens, médecins, sorciers, et surtout astronomes. Leur année se composait de lunaisons, ce qui fit dire aux Romains que les Gaulois mesuraient le temps par nuits et non par jours ; ils expliquaient cet usage par l’origine infernale de ce peuple, et sa descendance du dieu Pluton. La médecine druidique était uniquement fondée sur la magie. Il fallait cueillir le Samolus à jeun et de la main gauche, l’arracher de terre sans le regarder, et le jeter de même dans les réservoirs où les bestiaux allaient boire ; c’était un préservatif contre leurs maladies. On se préparait à la récolte de la sélage par des ablutions et une offrande de pain et de vin ; on partait nu-pieds, habillé de blanc ; sitôt qu’on avait aperçu la plante, on se baissait comme par hasard, et, glissant la main droite sous son bras gauche, on l’arrachait sans jamais employer le fer, puis on l’enveloppait d’un linge qui ne devait servir qu’une fois. Autre cérémonial pour la verveine. Mais le remède universel, la panacée, comme l’appelaient les druides, c’était le fameux gui. Ils le croyaient semé sur le chêne par une main divine, et trouvaient dans l’union de leur arbre sacré avec la verdure éternelle du gui un vivant symbole du dogme de l’immortalité. On le cueillait en hiver, à l’époque de la floraison, lorsque la plante est le plus visible, et que ses longs