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ÉTAT DE LA GAULE PRÉCÉDANT LA CONQUÊTE.

rameaux verts, ses feuilles et les touffes jaunes de ses fleurs, enlacés à l’arbre dépouillé, présentent seuls l’image de la vie, au milieu d’une nature morte et stérile.

C’était le sixième jour de la lune que le gui devait être coupé ; un druide en robe blanche montait sur l’arbre, une serpe d’or à la main, et tranchait la racine de la plante, que d’autres druides recevaient dans une saie blanche ; car il ne fallait pas qu’elle touchât la terre. Alors on immolait deux taureaux blancs dont les cornes étaient liées pour la première fois.

Les druides prédisaient l’avenir d’après le vol des oiseaux et l’inspection des entrailles des victimes. Ils fabriquaient aussi des talismans, comme les chapelets d’ambre que les guerriers portaient sur eux dans les batailles, et qu’on retrouve souvent à leur côté dans les tombeaux. Mais nul talisman n’égalait l’œuf de serpent[1]. Ces idées d’œuf et de serpent rappellent l’œuf cosmogonique des mythologies orientales, ainsi que la métempsycose et l’éternelle rénovation dont le serpent était l’emblème.

Des magiciennes et des prophétesses étaient affiliées à l’ordre des druides, mais sans en partager les pré-

  1. Cet œuf prétendu paraît n’avoir été autre chose qu’une échinite, ou pétrification d’oursin de mer.

    Durant l’été, dit Pline, on voit se rassembler dans certaines cavernes de la Gaule des serpents sans nombre, qui se mêlent, s’entrelacent, et avec leur salive, jointe à l’écume qui suintent de leur peau, produisent cette espèce d’œuf. Lorsqu’il est parfait, ils l’élèvent et le soutiennent en l’air par leurs sifflements ; c’est alors qu’il faut s’en emparer avant qu’il ait touché la terre. Un