Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
HISTOIRE DE FRANCE.

son casque aux pieds du Romain, sans dire un seul mot.

L’année suivante, tous les peuples de la Gaule essayèrent encore de résister partiellement, et d’user les forces de l’ennemi qu’ils n’avaient pu vaincre. La seule Uxellodunum (Cap-de-Nac, dans le Quercy ? ) arrêta longtemps César. L’exemple était dangereux ; il n’avait pas de temps à perdre en Gaule ; la guerre civile pouvait commencer à chaque instant en Italie ; il était perdu, s’il fallait consumer des mois entiers devant chaque bicoque. Il fit alors, pour effrayer les Gaulois, une chose atroce, dont les Romains, du reste, n’avaient que trop souvent donné l’exemple ; il fit couper le poing à tous les prisonniers.

Dès ce moment, il changea de conduite à l’égard des Gaulois : il fit montre envers eux d’une extrême douceur ; il les ménagea pour les tributs au point d’exciter la jalousie de la Province. Le tribut fut même déguisé sous le nom de solde militaire. Il engagea à tout prix leurs meilleurs guerriers dans ses légions ; il en composa une légion tout entière, dont les soldats portaient une alouette sur leur casque, et qu’on appelait pour cette raison l’alauda.

Sous cet emblème tout national de la vigilance matinale et de la vive gaieté, ces intrépides soldats passèrent les Alpes en chantant, et jusqu’à Pharsale poursuivirent de leurs bruyants défis les taciturnes légions de Pompée,

L’alouette gauloise, conduite par l’aigle romaine, prit Rome pour la seconde fois, et s’associa aux triomphes de la guerre civile.