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ÉCLAIRCISSEMENTS.

conservé dans quelques expressions proverbiales des Gaëls de l’Écosse, se lie encore à celui de Cabire. Chez les Gallois, les druides étaient nommés Cowydd[1]. Celui qui recevait l’initiation prenait le titre de Caw, associé, cabire, et Bardd caw signifiait un barde gradué (Davies, Myth., 165. Owen, Welsh dict.). Parmi les îles de Scilly, celle de Trescaw portait autrefois le nom d’Innis Caw, île de l’association ; et on y trouve des restes de monuments druidiques (Davies). À Samothrace, l’initié était aussi reçu comme Cabire dans l’association des dieux supérieurs, et il devenait lui-même un anneau de la chaîne magique (Schelling, Samothr. Gottesd., p. 40).

« La danse mystique des druides avait certainement quelque rapport à la doctrine cabirique et au système des nombres. Un passage curieux d’un poëte gallois, Gynddelw, cité par Davies, p. 16, d’après l’Archéologie de Galles, nous montre druides et bardes se mouvant rapidement en cercles et en nombres impairs, comme les astres dans leur course, en célébrant le conducteur. Cette expression de nombres impairs nous montre que les danses druidiques étaient, comme le temple circulaire, un symbole de la doctrine fondamentale, et que le même système de nombres y était observé. En effet, le poëte gallois, dans un autre endroit, donne au monument druidique le nom de Sanctuaire du nombre impair.

« Peut-être chaque divinité de la chaîne cabirique avait-elle, parmi les druides, son prêtre et son représentant. Nous avons vu déjà, chez les Irlandais, le prêtre adopter le nom du dieu qu’il servait ; et, chez les Gallois, le chef des druides semble avoir été considéré comme le représentant du Dieu suprême (Jamieson, Hist. of the Culdees, p. 29). La hiérarchie druidique aurait été ainsi une image microcosmique de la hiérarchie de l’univers, comme dans les mystères de Samothrace et d’Éleusis…

« Nous savons que les Caburs étaient adorés dans les cavernes

    en Écosse pour désigner une personne de grand mérite. ( Voy. Macintosh’s, Gaelic Proverbs, p. 34. — Haddleton, Notes on Tolland, p. 279.) Un proverbe gaélique dit : « La pierre ne presse pas la terre de plus près que l’assistance de Coibhi (bienfaisance, attribut du chef des druides ? ) »

  1. Davies Mythol., p. 271, 277 Ammian. Marcell., liv. XV : « Druidæ ingeniis celaforecs ut authoritas Pythagoræ decrevit, sodalitiis astricti consortiis, quæstionibus occultarum rerum altarumque erecti sunt, etc.