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LA GAULE SOUS L’EMPIRE. DÉCADENCE DE L’EMPIRE.

chrétienne. L’empereur Maximien accabla ces multitudes indisciplinées. La colonne de Cussy, en Bourgogne, semble avoir été le monument de sa victoire[1] ; mais longtemps encore après, Eumène nous parle des Bagaudes dans un de ses panégyriques. Idace mentionne plusieurs fois les Bagaudes de l’Espagne[2]. Salvien surtout déplore leur infortune : « Dépouillés par des juges de sang, ils avaient perdu les droits de la liberté romaine ; ils ont perdu le nom de Romains. Nous leur imputons leur malheur, nous leur reprochons ce nom que nous leur avons fait. Comment sont-ils devenus Bagaudes, si ce n’est par notre tyrannie, par la perversité des juges, par leurs proscriptions et leurs rapines ? »

Ces fugitifs contribuèrent sans doute à fortifier Carausius dans son usurpation de la Bretagne. Ce Ména pien (né près d’Anvers) avait été chargé d’arrêter avec une flotte les pirates francs qui passaient sans cesse en Bretagne ; il les arrêtait, mais au retour, et profitait de leur butin. Découvert par Maximien, il se déclara indépendant en Bretagne, et resta pendant sept ans maître de cette province et du détroit.

L’avènement de Constantin et du christianisme fut une ère de joie et d’espérance. Né en Bretagne, comme son père, Constance Chlore[3], il était l’enfant, le nourrisson de la Bretagne et de la Gaule. Après la mort de son père, il réduisit le nombre de ceux qui

  1. Millin.
  2. Sous les rois Rechila et Théodoric.
  3. Schæpflin adopte cependant une autre opinion. V. sa dissertation : Constantinus magnus non fuit Britannus. Bâle, 1741, in-4o.