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LA GAULE SOUS L’EMPIRE. DÉCADENCE DE L’EMPIRE.

Italie, dans les provinces et chez les rois alliés[1]. Aurélien l’imita. Probus fut obligé de transplanter de la Germanie des hommes et des bœufs pour cultiver la Gaule[2]. Il fit replanter les vignes arrachées par Domitien. Maximien et Constance Chlore transportèrent des Francs et d’autres Germains dans les solitudes du Hainaut, de la Picardie, du pays de Langres ; et cependant la dépopulation augmentait dans les villes, dans les campagnes. Quelques citoyens cessaient de payer l’impôt : ceux qui restaient payaient d’autant plus. Le fisc, affamé et impitoyable, s’en prenait de tout déficit aux curiales, aux magistrats municipaux.

Si l’on veut se donner le spectacle d’une agonie de peuple, il faut parcourir l’effroyable code par lequel l’Empire essaye de retenir le citoyen dans la cité qui l’écrase, qui s’écroule sur lui. Les malheureux curiales, les derniers qui eussent encore un patrimoine[3] dans l’appauvrissement général, sont déclarés les esclaves, les serfs de la chose publique. Ils ont l’honneur d’administrer la cité, de répartir l’impôt à leurs

  1. Hérodien.
  2. Probi Epist. ad senatum, in Vopisc. « Arantur Gallicana rura barbaris bobus, et juga germanica captiva præbent nostris colla cultoribus. »

    Voyez Aurel Vict., in Cæsar. — Vopisc. ad ann. 281. — Eutrop., lib. IX. — Euseb. Chronic. — Sueton., in Dom., c. vii.

    Eumen., Panegyr. Constant. : « Sicut tuo, Maximiane Auguste, nutu Nerviorum et Treverorum arva jacentia letus postliminio restitutus, et receptus in leges Francus excoluit : ita nunc per victorias tuas, Constanti Cæsar invicte, quidquid infrequens Ambiano et Bellovaco et Tricassino solo Lingonicoque restabat, barbaro cultore revirescit…  » etc.

  3. Au moins vingt-sept jugera.