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HISTOIRE DE FRANCE.

choses ; car on ne t’en doit aucune à toi qui, par tes perfides conseils et tes parjures, as fait incendier l’année passée tous mes états ; toi qui n’as jamais tenu ta foi à aucun homme, toi dont l’astuce est partout fameuse, et qui te conduis partout, non en évêque, mais en ennemi de notre royaume ! » À ces paroles, l’évêque, outré de colère, se tut. Un des députés dit : « Ton neveu Childebert te supplie de lui faire rendre les cités dont son père était en possession. » Gontran répondit à celui-ci : « Je vous ai déjà dit que nos traités me confèrent ces villes, c’est pourquoi je ne veux point les rendre. » Un autre député lui dit : « Ton neveu te prie de lui faire remettre cette sorcière de Frédégonde, qui a fait périr un grand nombre de rois, pour qu’il venge sur elle la mort de son père, de son oncle et de ses cousins. » Le roi lui répondit : « Elle ne pourra être remise en son pouvoir, parce qu’elle a un fils qui est roi ; mais tout ce que vous dites contre elle, je ne le crois pas vrai. » Ensuite Gontran-Boson s’approcha du roi comme pour lui rappeler quelque chose ; et, comme le bruit s’était répandu que Gondovald venait d’être proclamé roi, Gontran, prévenant ses paroles, lui dit : « Ennemi de notre pays et de notre trône, qui précédemment es allé en Orient exprès pour placer sur notre trône un Ballomer (le roi appelait ainsi Gondovald), homme toujours perfide et qui ne tiens rien de ce que tu promets ! » Boson lui répondit : « Toi, seigneur et roi, tu es assis sur le trône royal, et personne n’a osé répondre à ce que tu dis ; je soutiens que je suis innocent de cette affaire. S’il y a quelqu’un, égal à moi, qui m’impute en secret ce crime, qu’il vienne