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HISTOIRE DE FRANCE.

quels serments de fidélité nous t’avons prêtés. Écoute à présent un conseil salutaire : éloigne-toi de cette ville, et présente-toi à ton frère comme tu l’as souvent demandé. Nous avons déjà parlé avec ces hommes, et ils ont dit que le roi ne voulait pas perdre ton appui, parce qu’il est resté peu d’hommes de votre race. » Mais Gondovald, comprenant leur artifice, leur dit tout baigné de larmes : « C’est sur votre invitation que je suis venu dans ces Gaules. De mes trésors qui comprenaient des sommes d’or et d’argent, et différents objets, une partie est dans la ville d’Avignon, une partie a été pillée par Gontran-Boson. Quant à moi, plaçant, après le secours de Dieu, tout mon espoir en vous, je me suis confié à vos conseils, et j’ai toujours souhaité de régner par vous. Maintenant, si vous m’avez trompé, répondez-en auprès de Dieu, et qu’il juge lui-même ma cause. » À ces paroles, Mummole répondit : « Nous ne te disons rien de mensonger, mais voilà de braves guerriers qui t’attendent à la porte. Défais maintenant mon baudrier d’or dont tu es ceint, pour ne pas paraître marcher avec orgueil ; prends ton épée et rends-moi la mienne. » Gondovald lui dit : « Ce que je vois dans ces paroles, c’est que tu me dépouilles de ce que j’ai reçu et porté par amitié pour toi. » Mais Mummole affirmait avec serment qu’on ne lui ferait aucun mal. Ayant donc passé la porte, Gondovald fut reçu par Ollon, comte de Bourges, et par Boson. Mummole, étant rentré dans la ville avec ses satellites, ferma la porte très-solidement. Se voyant livré à ses ennemis, Gondovald leva les mains et les yeux au ciel, et dit : « Juge éternel,