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MONDE GERMANIQUE.

ne devait qu’à la haine des Ostrasiens contre Brunehaut ; victoire de la faiblesse, victoire des vieilles races, des Gaulois-Romains et des prêtres. L’année même qui suit la victoire de Clotaire (614), les évêques sont appelés à l’Assemblée des leudes. Ils y viennent de toute la Gaule au nombre de soixante-dix-neuf. C’est l’intronisation de l’Église. Les deux aristocraties, laïque et ecclésiastique, dressent une constitution perpétuelle. Plusieurs articles d’une remarquable libéralité indiquent la main ecclésiastique : Défense aux juges de condamner, sans l’entendre, un homme libre, ou même un esclave. — Quiconque viole la paix publique doit être puni de mort. — Les leudes rentrent dans les biens dont ils ont été dépouillés dans les guerres civiles. — L’élection des évêques est assurée au peuple. — Les évêques sont les seuls juges des ecclésiastiques. — Les tributs établis depuis Chilpéric et ses frères sont abolis. Les évêques, devenus grands propriétaires, devaient, plus que personne, profiter de cette abolition. — Ainsi commence avec Clotaire II cette domination de l’Église, qui ne fait que se consolider sous les Carlovingiens, et qui n’a d’autre entr’acte que la tyrannie de Charles Martel.

Nous savons peu de chose de Clotaire II, davantage de Dagobert. Sage, juste et justicier, Dagobert commence son règne par faire le tour de ses États, selon la coutume des rois barbares. Roi d’Ostrasie du vivant de son père, il ne garda pas longtemps après lui ses ministres ostrasiens. Les deux hommes principaux du pays, Arnolph, archevêque de Metz, puis Pépin, son frère, furent éloignés, et firent place au Neustrien