Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
HISTOIRE DE FRANCE.

Éga. Entouré de ministres romains, de l’orfèvre saint Éloi et du référendaire saint Ouen, il s’occupe de fonder des couvents, fait fabriquer des ornements d’églises. Ses scribes écrivent pour la première fois les lois barbares ; on écrit les lois alors qu’elles commencent à s’effacer. Le Salomon des Francs, comme celui des Juifs, peuple ses palais de belles femmes[1], et se partage entre ses concubines et ses prêtres.

Ce prince pacifique est l’ami naturel des Grecs. Allié de l’empereur Héraclius, il intervient dans les affaires des Lombards et des Visigoths. Dans cette vieillesse précoce de tous les peuples barbares, la décadence des Francs est encore entourée d’une sorte d’éclat.

Toutefois, il est facile d’apercevoir combien de faiblesse se cache sous ces apparences. Dès le vivant de Clotaire, l’Ostrasie a repris les provinces qui lui avaient été enlevées ; elle a exigé un roi particulier, et Dagobert, roi de ce pays à quinze ans, n’y a été effectivement qu’un instrument entre les mains de Pépin et d’Arnolph. Son père devient roi de Neustrie, l’Ostrasie réclame encore un gouvernement particulier, et se fait donner pour roi le fils du roi, le jeune Sigebert. Clotaire II a remis le tribut aux Lombards pour une somme une fois payée. Les Saxons, défaits, dit-on, par les Francs[2], se dispensent pourtant

  1. Fredegar., c. lx : « Luxuriæ supra modum deditus, tres habebat, ad instar Salomonis, reginas, maxime et plurimas concuibinas… Nomina concubinarum, eo quod plures fuissent, increvit huic chronicæ inseri. »
  2. Gesta Dagob., c. i, ap. Scr. Rer. Fr., II, 580. « Clotharius tum præcipue illud memorabile suæ potentiæ posteris reliquit