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MONDE GERMANIQUE.

culière de la tonsure, et quelques autres singularités. En Irlande, on baptisait avec du lait[1].

Le plus célèbre de ces établissements des culdées est celui d’Iona, fondé, comme presque tous, sur les ruines des écoles druidiques. Iona, la sépulture de soixante-dix rois d’Écosse, la mère des moines, l’oracle de l’Occident au viie et au viiie siècles. C’était la ville des morts, comme Arles dans les Gaules et Thèbes en Égypte.

La guerre que les empereurs soutinrent contre les nombreux usurpateurs qui sortirent de la Bretagne, dans les derniers siècles de l’Empire[2], les papes la continuèrent contre l’hérésie celtique, contre Pelage, contre l’Église écossaise et irlandaise. À cette Église, toute grecque de langue et d’esprit, Rome opposa souvent des Grecs ; dès le commencement du ve siècle, elle envoie contre eux Palladios, platonicien d’Alexan-

  1. Carpentier, Suppl. au Gloss. de Ducange : « In Hybernia lac adhibitum fuisse ad baptizandos divitum filios, qui domi baptizabantur, testis est Bened. abbas Petroburg. » T. I, p. 30. (On plongeait trois fois les enfants dans de l’eau, ou dans du lait si les parents étaient riches ; le concile de Cashel (1171) ordonna de baptiser à l’église.) — Ex Concil. Neocesariensi, in vet. Pœnitentiali, discimus infantem posse baptizari inclusum in utero materne, cujus hæc sunt verba : « Prægnans mulier baptizetur, et postea infans. » — On voyait souvent en Irlande des évêques mariés. O’Halloran, t. III. — Au ixe siècle, les Bretons se rapprochaient par la liturgie et la discipline de l’Église bretonne anglaise. Louis le Débonnaire, remarquant que les religieux de l’abbaye de Landévenec portaient la tonsure dans la forme usitée chez les Bretons insulaires, leur ordonna de se conformer en cela, comme en tout, aux décisions de l’Église de Rome. D. Lobineau, preuves II, 26. — D. Morice, preuves I, 228.
  2. Britannia, fertilis provincia tyrannorum. (Saint Jérôme.)