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CARLOVINGIENS.

nouvelles immigrations germaniques. Des deux côtés, le nom suivit le peuple, et s’étendit avec lui ; le Nord s’appela la France, le Midi la Vasconia, la Gascogne. Celle-ci avança jusqu’à l’Adour, jusqu’à la Garonne, un instant jusqu’à la Loire. Alors eut lieu le choc.

Selon des traditions fort peu certaines, l’Aquitain Amandus, vers l’an 628, se serait fortifié dans ces contrées, battant les Francs par les Basques, et les Basques par les Francs. Il aurait donné sa fille à Charibert, frère de Dagobert ; après la mort de son gendre, il aurait défendu l’Aquitaine, au nom de ses petits-fils orphelins, contre leur oncle Dagobert. Peut-être le mariage de Charibert n’est-il qu’une fable inventée plus tard pour rattacher les grandes familles d’Aquitaine à la première race. Toutefois nous voyons peu après les ducs aquitains épouser trois princesses ostrasiennes.

Les arrières-petits-fils d’Amandus furent Eudes et Hubert. Celui-ci passa dans la Neustrie, où régnait alors le maire Ébroin, puis dans l’Ostrasie, pays de sa tante et de sa grand’mère. Il s’y fixa près de Pépin. Grand chasseur, il courait avec eux l’immensité des Ardennes ; l’apparition d’un cerf miraculeux le décida à quitter le siècle pour entrer dans l’Église. Il fut disciple et successeur de saint Lambert à Maëstricht, et fonda l’évêché de Liège. C’est le patron des chasseurs, depuis la Picardie jusqu’au Rhin.

Son frère Eudes eut une bien autre carrière ; il se crut un instant roi de toutes les Gaules ; maître de l’Aquitaine jusqu’à la Loire, maître de la Neustrie au nom du roi Chilpéric II qu’il avait dans ses mains.