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CARLOVINGIENS.

put s’y résigner. Il commença contre Pépin le Bref et Carloman (741) une lutte désespérée, à laquelle il entreprit d’intéresser tous les ennemis déclarés ou secrets des Francs ; il alla jusqu’en Saxe, en Bavière, chercher des alliés. Les Francs brûlèrent le Berry, tournèrent l’Auvergne, rejetèrent Hunald derrière la Loire, et furent rappelés par les incursions des Saxons et des Allemands. Hunald passa la Loire à son tour et incendia Chartres. Peut-être aurait-il eu de plus grands succès ; mais il semble avoir été trahi par son frère Hatton, qui gouvernait sous lui le Poitou. Voilà déjà la cause des malheurs futurs de l’Aquitaine, la rivalité de Poitiers et de Toulouse.

Hunald céda, mais se vengea de son frère ; il lui fit crever les yeux, puis s’enferma lui-même pour faire pénitence dans un couvent de l’île de Rhé. Son fils Guaifer (745) trouva un auxiliaire dans Grifon, jeune frère de Pépin, comme Pépin en avait trouvé un dans le frère d’Hunald. Mais la guerre du Midi ne commença sérieusement qu’en 759, lorsque Pépin eut vaincu les Lombards. C’était l’époque où le califat venait de se diviser. Alfonse le Catholique, retranché dans les Asturies, y relevait la monarchie des Goths. Ceux de la Septimanie (le Languedoc, moins Toulouse) s’agitèrent pour recouvrer aussi leur indépendance. Les Sarrasins qui occupaient cette contrée furent bientôt obligés de s’enfermer dans Narbonne. Un chef des Goths s’étaient fait reconnaître pour seigneur par Nimes, Maguelonne, Agde et Béziers. Mais les Goths n’étaient pas assez forts pour reprendre Narbonne. Ils appelèrent les Francs ; ceux-ci, inhabiles dans l’art