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HISTOIRE DE FRANCE.

après, nous les voyons demander humblement à Charlemagne une retraite en Bavière ; ils ne peuvent plus, disent-ils, résister aux Slaves qu’ils dominaient auparavant.

Pour cette fois, Charlemagne commença à espérer un peu de repos. À en juger par l’étendue de sa domination, sinon par ses forces réelles, il se trouvait alors le plus grand souverain du monde. Pourquoi n’aurait-il pas accompli ce que Théodoric n’avait pu faire, la résurrection de l’empire romain ? Telle devait être la pensée de tous ces conseillers ecclésiastiques dont il était environné. L’an 800, Charlemagne se rend à Rome sous prétexte de rétablir le pape qui en avait été chassé[1]. Aux fêtes de Noël, pendant qu’il est absorbé dans la prière, le pape lui met sur la tête la couronne impériale, et le proclame Auguste. L’empereur s’étonne et s’afflige humblement qu’on lui impose un fardeau supérieur à ses forces[2] ; hypocrisie pué-

  1. Il avait aussi une vive affection pour le prédécesseur de Léon, le pape Adrien. « Il alla quatre fois à Rome pour accomplir des vœux et faire ses prières. »

    Eginh. Kar. M. c. 19 : « Nuntiato Adriani obitu, quem amicum præcipium habebat, sic flevit, ac si fratrem aut carissimum filium amisisset. C. xvii : Nec ille toto regni sui tempore quicquam duxit autiquius, quam ut urbs Roma sua opera suoque labore veteri polleret auctoritate… » — Voy. les lettres d’Adrien à Charlemagne. (Scr. Fr., V, 403, 544, 343, 546, etc.)

  2. Eginh. Annal., p. 215. « Coram altari, ubi ad orationem se inclinaverat, Leo papa coronam capiti ejus imposuit. » — Eginh. Vit. Kar. M., ibid. 100. « Quod primo in tantum adversatus est, ut affirmaret se eo die, quamvis præcipua festivitas esset, ecclesiam non intraturum fuisse, si pontificis consilium præscire potuisset. »