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HISTOIRE DE FRANCE.

chants nationaux de l’Allemagne[1]. Peut-être y cherchait-il un moyen de ranimer le patriotisme de ses soldats ; c’est ainsi qu’en 1813, l’Allemagne ne se retrouvant plus à son réveil, s’est cherchée dans les Niebelungen. Le costume germanique fut toujours celui de Charlemagne[2], je pense qu’il n’eût pas été politique de se présenter autrement aux soldats.

Le voilà donc jouant de son mieux l’Empire, parlant souvent la langue latine[3], formant la hiérarchie de ses officiers d’après celles des ministres impériaux. Dans le tableau qu’Hincmar nous a laissé, rien n’est plus imposant. L’Assemblée générale de la nation, te-

  1. Eghin. in Kar. M., c. xxix. « Barbara et antiquissima carmina, quibus veterum regum actus ac bella canebantur, scripsit, memoriæque mandavit. Inchoavit et grammaticam patrii sermonis. » — Suivant Eginhard (c. xiv) Charlemagne donna aux mois des noms significatifs dans la langue allemande (mois d’hiver, mois de boue, etc.) ; mais, selon la remarque de M. Guizot, on les trouve en usage chez différents peuples germains, avant le temps de Charlemagne.
  2. « Quand les Francs qui combattaient au milieu des Gaulois virent ceux-ci revêtus de saies brillantes et de diverses couleurs, épris de l’amour de la nouveauté, ils quittèrent leur vêtement habituel et commencèrent à prendre celui de ces peuples. Le sévère empereur, qui trouvait ce dernier habit plus commode pour la guerre, ne s’opposa point à ce changement. Cependant, dès qu’il vit les Frisons, abusant de cette facilité, vendre ces petits manteaux écourtés aussi cher qu’autrefois on vendait les grands, il ordonna de ne leur acheter, au prix ordinaire, que de très-longs et larges manteaux. « À quoi peuvent servir, disait-il, ces petits manteaux ? au lit, je ne puis m’en couvrir ; à cheval, ils ne me défendent ni de la pluie ni du vent, et quand je satisfais aux besoins de la nature, j’ai les jambes gelées. » Moine de Saint-Gall.
  3. Eginh. in Kar. M., c. xxv. « Latinam ita didicit, ut æque illa ac patria lingua orare esset solitus ; græcam vero melius intelli-