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HISTOIRE DE FRANCE.

pour le législateur. La discordance du langage et des formes qui frappe dans les capitulaires, tend à fortifier cette conjecture.

La partie originale des capitulaires, c’est celle qui touche l’administration, celle qui répond aux besoins divers que les circonstances faisaient sentir. Il est impossible de n’y pas admirer l’activité, impuissante, il est vrai, de ce gouvernement qui faisait effort pour mettre un peu d’ordre dans le désordre immense d’un tel empire, pour retenir quelque unité dans un ensemble hétérogène, dont toutes les parties tendaient à l’isolement, et se fuyaient pour ainsi dire l’une l’autre. La place énorme qu’occupe la législation canonique fait sentir, quand nous ne le saurions pas du reste, que les prêtres ont eu la part principale en tout cela. On le reconnaît mieux encore aux conseils moraux et religieux, dont cette législation est semée ; C’est le ton pédantesque[1] des lois wisigothiques, faites comme on le sait, par les évêques. Charlemagne, comme les rois des Wisigoths, donna aux évêques un

  1. On pourrait multiplier les exemples. Capitul. anni 802, ap. Scr. Fr., V, 659. « Placuit ut unusquisque ex propria persona se in sancto Dei servitio secundum Dei præceptum et secundum sponsionem suam pleniter conservare studeat secundum intellectum et vires suas ; quia ipse domnus imperator non omnibus singulariter necessariam potest exhibere curam. » Capitul. anni 806, ibid. 677. « Cupiditas in bonam partem potest accipi et in malam. In bonam juxta apostolum, etc. — Avaritia est alienas res appetere, et adeptas nulli largiri. Et juxta apostolum, hæc est radix onmium malorum. Turpe lucrum exercent qui per varias circumventiones lucrandi causa inhoneste res quaslibet congregare decertant. »