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HISTOIRE DE FRANCE.

c’était une image populaire ; on voyait sur le bouclier cimbrique, devenu une enseigne de boutique, la figure du barbare qui gonflait les joues et tirait la langue.

La cité devait l’emporter sur la tribu, l’Italie sur la Gaule. Les Gaulois, chassés du Latium, continuèrent les guerres, mais comme mercenaires au service de l’Étrurie. Ils prirent part, avec les Étrusques et les Samnites, à ces terribles batailles de Sentinum et du lac Vadimon, qui assurèrent à Rome la domination de l’Italie, et par suite celle du monde. Ils y montrèrent leur vaine et brutale audace, combattant tout nus contre des gens bien armés, heurtant à grand bruit de leurs chars de guerre les masses impénétrables des légions, opposant au terrible pilum de mauvais sabres qui ployaient au premier coup. C’est l’histoire commune de toutes les batailles gauloises. Jamais ils ne se corrigèrent. Il fallut toutefois de grands efforts aux Romains, et le dévouement de Décius. À la fin, ils pénétrèrent à leur tour chez les Gaulois, reprirent la rançon du Capitole, et placèrent une colonie dans le bourg principal des Sénonais vaincus à Séna sur l’Adriatique. Toute cette tribu fut exterminée, de façon qu’il ne resta pas un des fils de ceux qui se vantaient d’avoir brûlé Rome.

Ces revers des Gaulois d’Italie doivent peut-être trouver leur explication dans la part que leurs meilleurs guerriers auraient prise à la grande migration des Gaulois transalpins, vers la Grèce et l’Asie (an 281). Notre Gaule était comme ce vase de la mythologie galloise, où bout et déborde incessamment la vie ; elle recevait par torrents la barbarie du Nord, pour la verser aux