Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/127

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leuse de cette exsudation commune, les parcelles animées encore, les liquides encore vivants, qui n’ont pas le temps de mourir. Tout cela ne retombe pas à l’état inorganique, mais entre rapidement dans les organismes nouveaux. C’est, de toutes les hypothèses, la plus vraisemblable ; en sortir, c’est se jeter dans d’extrêmes difficultés. »



Ces idées des hommes les plus avancés et les plus sérieux d’aujourd’hui ne sont point inconciliables avec celles que professait, il y a près de trente ans, Geoffroy Saint-Hilaire sur le mucus général où il semble que la nature puise toute vie. « C’est, dit-il, la substance animalisable, le premier degré des corps organiques. Point d’êtres, animaux, végétaux, qui n’en absorbent et n’en produisent au premier temps de la vie, et quelques faibles qu’ils soient. Son abondance augmente plutôt en raison de leur débilité. »

Ce dernier mot ouvre une vue profonde sur la vie de la mer. Ses enfants pour la plupart semblent des fœtus à l’état gélatineux qui absorbent et qui produisent la matière muqueuse, en comblent les eaux, leur donnent la féconde douceur d’une ma-