Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/159

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chose vivante. De là une juste préférence. La science eut beau leur soutenir que ce n’était qu’une pierre ; puis, que ce n’était qu’un arbuste. Elles y sentaient autre chose.

« Madame, pourquoi préférez-vous à toutes les pierres précieuses cet arbre d’un rouge douteux ? — Monsieur, il va à mon teint. Les rubis pâlissent. Celui-ci, mat et moins vif, relève plutôt la blancheur. »

Elle a raison. Les deux objets sont parents. Dans le corail, comme sur sa lèvre et sur sa joue, c’est le fer qui fait la couleur (Vogel). Il rougit l’un et rose l’autre.

« Mais, madame, ces pierres brillantes ont un poli incomparable. — Oui, mais celui-ci est doux. Il a la douceur de la peau, et il en garde la tiédeur. Dès que je l’ai deux minutes, c’est ma chair et c’est moi-même. Et je ne m’en distingue plus.

« — Madame, il est de plus beaux rouges. — Docteur, laissez-moi celui-ci. Je l’aime. Pourquoi ? Je n’en sais rien… Ou, s’il y a une raison, celle qui en vaut bien une autre, c’est que son nom oriental et le vrai, c’est : « Fleur de sang. »