Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/289

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d’État ni de commerce ne traverse jamais, à quelques degrés au delà des pointes d’Amérique et d’Afrique. Nul n’y va que les baleiniers.



Si l’on avait voulu, on eût fait bien plus tôt les grandes découvertes du quinzième siècle. Il fallait s’adresser aux rôdeurs de la mer, aux Basques, aux Islandais ou Norvégiens, et à nos Normands. Pour des raisons diverses, on s’en défiait. Les Portugais ne voulaient employer que des hommes à eux, et de l’école qu’ils avaient formée. Ils craignaient nos Normands, qu’ils chassaient et dépossédaient de la côte d’Afrique. D’autre part, les rois de Castille tinrent toujours pour suspects leurs sujets, les Basques, qui, par leurs privilèges, étaient comme une république, et de plus passaient pour des têtes dangereuses, indomptables. C’est ce qui fit manquer à ces princes plus d’une entreprise. Ne parlons que d’une seule, l’Invincible Armada. Philippe II, qui avait deux vieux amiraux basques, la fit commander par un Castillan. On agit contre leur avis : de là le grand désastre.