Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/135

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CE QUE LA POLOGNE PEUT FAIRE AVANT LA RÉVOLUTION.

Tout ce que nous avons dit suri le néant moral où arrive la Russie est faible en comparaison de ce que les Russes en ont dit eux-mêmes. Cet état est si douloureux, que, bâillonnés, muselés, du fond de leur in pace, ces pauvres muets n’en ont pas moins éclaté. Plusieurs, comme l’illustre amiral Tchitchacoff, ont hautement désespéré, quitté la patrie. D’autres, en restant, ont acheté de la vie le bonheur d’être libres une heure, en criant : " la Russie est morte ! "

On pouvait deviner ce triste mystère dans les poésies désolées de leurs derniers poètes, pleines de deuil, d’ironie sceptique. Mais ces avis indirects ne satisfaisaient pas l’âme russe ; elle était trop oppressée.