Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/52

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l’imprévoyance enfantine ; d’une charrue légère il écorche légèrement un sol ingrat ; il chante, insouciant, son chant doux, monotone ; la terre produira peu ; qu’importe ? il se fera assigner un lot de terre de plus, sa femme est là : il aura un enfant. .

De là un résultat très imprévu : le communisme ici fortifie la famille. La femme est fort aimée ; elle a la vie très douce. Elle est en réalité la source de l’aisance ; son sein fécond est pour l’homme une source de biens. L’enfant est bienvenu. On chante à sa naissance ; il apporte la prospérité. Il meurt bientôt, c’est vrai le plus souvent ; mais sa féconde mère ne perd pas un moment pour le remplacer vite, et maintenir son lot dans la famille.

Vie toute naturelle, dans le sens inférieur, profondément matérielle, qui attache singulièrement l’homme en le tenant très bas. — Peu de travail, nulle prévoyance, nul souci d’avenir. — La femme et la commune, voilà ce qui protège l’homme. Plus la femme est féconde, plus la commune donne. L’amour physique et l’eau-de-vie, la génération incessante d’enfants qui meurent et qu’on refait sans cesse, voilà la vie du serf.

Ils ont horreur de la propriété. Ceux qu’on a faits propriétaires retournent vite au communisme. Ils craignent les mauvaises chances, le travail, la responsabilité. Propriétaire, on se ruine ; communiste, on ne peut se ruiner, n’ayant rien, à vrai dire. L’un