Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/118

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il écrivit Les Droits de l’homme, pour venger notre pays du livre de Burke. Brûlé à Londres en effigie, il fut nommé citoyen français par la Convention, il en devint membre. Payne semblait dur et fanatique. Ce fut un grand étonnement, au 21 janvier, quand il fit déclarer à la Convention qu’il ne pouvait voter la mort. La sienne faillit s’en suivre. Jeté en prison et pensant qu’il n’avait pas de temps à perdre, il se mit à écrire l’Âge de raison, un livre pour Dieu contre toutes les religions. Sauvé au 9 thermidor, il resta encore en France, mais il ne put endurer la France de Bonaparte et s’en alla mourir en Amérique.

Revenons à son affiche. Malouet, arrivant le matin, la voit, la lit, est hors de lui-même. Il entre effaré, demande qu’on arrête les auteurs. « Avant tout, lisons l’affiche », dit froidement Pétion. Chabroud et Chapelier, craignant l’effet, et surtout que la lecture ne fût applaudie des tribunes, réclamèrent pour la liberté de la presse, et dirent qu’on devait mépriser l’œuvre d’un insensé et qu’il fallait passer à l’ordre du jour.

L’Assemblée passe, en effet, comme indifférente, et reprend tranquillement les travaux du Code pénal. Mais elle se tient pour avertie.

Le parti d’Orléans aussi comprit mieux, après la terrible affiche, qu’en présence du parti républicain naissant, mais déjà si hardi, il fallait, si l’on pouvait, enlever la régence ; que, plus tard, elle serait de moins en moins acceptée. Le difficile était de lancer la chose ; on jette d’abord un petit mot dans un journal