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HISTOIRE DE FRANCE

dants, et leur assurait ce droit d’investiture qui fit par toute l’Europe l’objet de la guerre du Sacerdoce et de l’Empire.

La conquête de l’Italie méridionale fut achevée par Robert-l’Avisé (Guiscard). Il se fit duc de Pouille et de Calabre, malgré ses neveux[1], qui réclamaient comme fils d’un frère aîné. Robert ne traita pas mieux le plus jeune de ses frères, Roger, qui était venu un peu tard réclamer part dans la conquête. Roger vécut quelque temps en volant des chevaux[2], puis il passa en Sicile et en fit la conquête sur les Arabes, après la lutte la plus inégale et la plus romanesque. Malheureusement nous ne connaissons ces événements que par les panégyristes de cette famille. Un descendant de Roger réunit l’Italie méridionale à ses États insulaires, et fonda le royaume des Deux-Siciles.

Ce royaume féodal au bout de la péninsule, parmi des cités grecques, au milieu du monde de l’Odyssée, fut de grande utilité à l’Italie. Les mahométans n’osèrent plus guère en approcher avant la création des États barbaresques au seizième siècle. Les Byzantins en sortirent, et leur empire fut même envahi par Robert Guiscard et ses successeurs. Les Allemands enfin, dans

  1. Gauttier d’Arc. « Guiscard fit dire à son neveu Abailard qu’il venait de s’emparer de son jeune frère, mais que si sa place de San-Severino était remise à ses troupes, il rendrait le captif à la liberté, aussitôt que lui, Guiscard, serait arrivé au mont Gargano. » Abailard n’hésita pas : les portes de San-Severino furent ouvertes par ses ordres ; et il alla trouver en toute hâte son oncle, pour le prier d’exécuter sa promesse, en se rendant à Gargano : « Mon neveu, lui dit Guiscard, je n’y compte pas arriver avant sept ans. »
  2. Gaufridus Malaterra.