des Belges, né à Cologne, mais ennemi de l’idéalisme allemand, a jeté dans ses tableaux une apothéose effrénée de la nature.
Cette frontière des races et des langues[1] européennes est un grand théâtre des victoires de la vie et de la mort. Les hommes poussent vite, multiplient à étouffer, puis les batailles y pourvoient. Là se combat à jamais la grande bataille des peuples et des races. Cette bataille du monde, qui eut lieu, dit-on, aux funérailles d’Attila, elle se renouvelle incessamment en Belgique, entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne, entre les Celtes et les Germains. C’est là le coin de l’Europe, le rendez-vous des guerres. Voilà pourquoi elles sont si grasses, ces plaines ; le sang n’a pas le temps d’y sécher ! Lutte terrible et variée ! A nous les batailles de Bouvines, Roosebeck, Lens, Steinkerke, Denain, Fontenoy, Fleurus, Jemmapes ; à eux, celles des Éperons, de Courtray. Faut-il nommer Waterloo[2] ?
Angleterre ! Angleterre ! vous n’avez pas combattu ce jour-là seul à seul : vous aviez le monde avec vous. Pourquoi prenez-vous pour vous toute la gloire ? Que veut dire votre pont de Waterloo ? Y a-t-il tant à s’enorgueillir, si le reste mutilé de cent batailles, si la dernière levée de la France, légion imberbe, sortie à peine
- ↑ La Flandre hollandaise est composée de places cédées par le traité de 1648 et par le traité de la Barrière (1715). Ce nom est significatif. — App. 38.
- ↑ La grande bataille des temps modernes s’est livrée précisément sur la limite des deux langues, à Waterloo. A quelques pas en deçà de ce nom flamand, on trouve le Mont-Saint-Jean. — Le monticule qu’on a élevé dans cette plaine semble un tumulus barbare, celtique ou germanique.