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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/241

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

Dans la belle et sage ordonnance de 1443 qui règle la comptabilité[1], on croit reconnaître, comme dans celles de Colbert, la main d’un homme formé aux affaires par la pratique du commerce et qui applique en grand au royaume la sage et simple économie d’une maison de banque.

L’argent donne la force. En 1447, le roi prend la police dans sa main ; il attribue au prévôt de Paris la juridiction sur tous les vagabonds et malfaiteurs du royaume[2]. Cette haute justice prévôtale était le seul moyen d’atteindre les brigands, de les soustraire à leurs nobles protecteurs, à la connivence, à la faiblesse des juridictions locales.

On trouva ce remède dur, on se plaignit fort ; mais l’ordre et la paix revinrent, les routes furent enfin praticables. « Les marchands commencèrent de divers lieux à travers de pays à autres et faire leur négoce… Pareillement les laboureurs et autres gens du plat pays s’efforçoient à labourer et réédifîer leurs maisons, à essarter leurs terres, vignes et jardinages. Plusieurs villes et pays furent remis sus et repeuplez. Après avoir été si longtemps en tribulation et affliction, il leur sembloit que Dieu les eût enfin pourvus de sa grâce et miséricorde[3]. »

  1. Les officiers de finances exercent un contrôle les uns sur les autres. Les receveurs rendront compte au receveur général tous les deux ans, celui-ci tous les ans à la chambre des comptes ; les grands officiers (l’argentier, l’écuyer, le trésorier des guerres et le maître de l’artillerie) compteront tous les mois avec le roi même. App. 101.
  2. Dès 1438, le roi avait nommé le prévôt de Paris « espécial et général réformateur… ».
  3. Mathieu de Couci.