Cette renaissance de la France fut signalée par une chose grande et nouvelle, la création d’une infanterie nationale.
L’institution militaire sortit d’une institution financière. En 1445, le roi avait ordonné que les élus charges de répartir la taille seraient appointés par lui[1], que ces élus ne seraient plus les juges seigneuriaux, les serviteurs des seigneurs, mais les agents royaux, les agents du pouvoir central, dépendant de lui seul, par conséquent plus libres des influences locales, plus impartiaux. En 1448, ces élus reçoivent ordre d’élire un homme par paroisse, lequel sera franc et exempt de la taille, s’armera à ses frais et s’exercera les dimanches et fêtes à tirer de l’arc. Le franc-archer recevra une solde, seulement en temps de guerre.
Les élus devaient, selon l’ordonnance, choisir de préférence dans la paroisse « un bon compagnon qui auroit fait la guerre[2]». Néanmoins on s’égaya fort sur la nouvelle milice, on prétendait que rien n’était moins guerrier ; on en fit des satires, il en est resté le Franc-Archer de Bagnolet[3].
Plus d’un en riait, qui au fond n’avait pas envie de rire. La noblesse entrevoyait combien l’innovation était grave. Ces essais plus ou moins heureux,