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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/254

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HISTOIRE DE FRANCE

dernière place étant forcée, il se défendait encore ; enfin, se voyant presque seul, il avise un jeune Français : « Es-tu chevalier ? lui dit-il. — Non. — Eh bien ! sois-le de ma main. » Ensuite il se rendit à lui.

Il revint en Angleterre, ruiné par une rançon de deux ou trois millions. Néanmoins, loin de garder rancune à la France, il conseilla la paix, s’attacha au parti de la paix ; malheureusement il portait dans ce parti la dureté, l’insolence de la guerre.

La pensée du cardinal Winchester, c’eût été de faire épouser au roi d’Angleterre une fille du roi de France ; pensée timide qu’il osa à peine exprimer dans les négociations[1]. La fille étant impossible, on se contenta d’une nièce. Le choix tomba sur la fille d’un prince pauvre, René, qui ne pouvait porter ombrage aux Anglais. Il y avait encore cet avantage que, si l’on était obligé, pour diminuer les dépenses, d’abandonner les deux provinces non maritimes, le Maine et l’Anjou, on les rendrait à René et à son frère, non à Charles VII, ce qui serait peut-être moins blessant pour l’orgueil anglais[2].

Le traité de mariage et de cession était raisonnable, et néanmoins d’un extrême péril pour celui qui oserait le conclure. Suffolk, qui ne l’ignorait pas, ne se contenta point de l’autorisation du conseil, il eut la précaution de se faire pardonner d’avance par le roi

  1. Rymer, 1439, 21 mai.
  2. Le Maine devait être remis à René, et non au roi de France ; Henri VI demande expressément à Charles VII qu’il en soit ainsi par sa lettre originale du 28 juillet 1447. (Mss. du Puy.)