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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/274

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HISTOIRE DE FRANCE

figurer avec quelque honneur. Jean Bureau conduisait de place en place son infaillible artillerie ; peu de villes résistaient. Les petits rois de Gascogne, Albret, Foix, Armagnac, voyant le roi si fort, venaient à son secours, dans leur zèle et leur loyauté ; ils poussaient tant qu’ils pouvaient à cette saisie des dépouilles anglaises, prenaient, aidaient à prendre, dans l’espoir que le roi leur en laisserait bien quelque chose. Quatre sièges furent ainsi commencés à la fois.

Dans cette rapide conversion des Gascons, Bordeaux seule résistait ; ville capitale jusque-là, elle ne pouvait que déchoir ; les Anglais la ménageaient fort[1], ils l’enrichissaient, achetaient, buvaient ses vins ; Bordeaux n’espérait pas trouver des maîtres qui en bussent davantage[2]. Aussi les bourgeois y étaient tellement Anglais qu’ils voulurent tirer l’épée pour le roi d’Angleterre, faire une sortie ; ce fut, il est vrai, pour fuir à toutes jambes. Bureau, qui déjà avait pris Blaye, et dans Blaye le maire et le sous-maire de Bordeaux, fut nommé, avec Chabannes et autres, pour faire un arrangement. Ils se montrèrent singulièrement faciles, ne demandant ni taxe aux villes, ni rançon aux seigneurs, confirmant, amplifiant les privilèges. Ceux qui ne voulaient pas rester Français pouvaient partir ; les marchands en ce cas auraient six mois pour régler leurs affaires[3], les

  1. App. 115.
  2. De plus, la Guyenne et la Gascogne perdaient un commerce de transit ; les draps anglais traversaient ces provinces pour entrer en Espagne. (Amelgard.)
  3. Il en partit un si grand nombre que Bordeaux en fut, dit-on, presque dépeuplé pour quelques années, (Chronique Bourdeloise.)