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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/289

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CHARLES VII. — PHILIPPE-LE-BON

branche cadette de France, devient peu à peu ennemie de la France, anglaise de volonté ; bientôt elle le sera d’alliance et de sang. La duchesse de Bourgogne, la sérieuse et politique Isabelle, qui est Lancastre du côté de sa mère, viendra à bout de marier son fils à une Anglaise, Marguerite d’York ; celle-ci, à son tour, donnera sa fille, son unique enfant, à l’Autrichien Maximilien, qui compte les Lancastre parmi ses aïeux maternels ; en sorte que leur petit-fils, l’étrange et dernier produit de ces combinaisons, Charles-Quint, Bourguignon, Espagnol, Autrichien, n’en est pas moins trois fois Lancastre[1].

Tout cela se fit doucement, lentement, un long travail de haine par des moyens d’amour, par alliances, mariages et de femmes en femmes. Les Isabelle, les Marguerite, et les Marie, ces rois en jupe des Pays-Bas (qui n’en souffraient guère d’autres), ont pendant plus d’un siècle ourdi de leurs belles mains la toile immense où la France semblait devoir se prendre[2].

Dès maintenant la lutte est entre Charles VII d’une part, de l’autre Philippe-le-Bon et sa femme Isabelle, lutte entre le roi et le duc, entre deux rois plutôt et Philippe n’est pas le moins roi des deux.

Il a certainement plus de prise sur le roi que Charles VII n’en a sur lui. Il tient toujours Paris de près par Auxerre et Péronne, tandis que, tout autour,

  1. App. 126.
  2. Il est bien entendu qu’il n’y eut pas conspiration expresse, ni plan, ni dessein fixe, mais seulement action constante d’une même passion, haine et jalousie persévérante.