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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/290

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HISTOIRE DE FRANCE

ses beaux cousins, ses chevaliers de la Toison, occupent les postes de Nemours, de Montfort et de Vendôme. Au centre même de la France, s’il y voulait entrer, le duc d’Orléans lui donnerait passage sur la Loire. Partout, les grands sont ses amis ; ils l’aiment davantage à mesure que le roi devient maître. Où il n’agit pas, il influe ; tandis que sur toute la frontière il acquiert, prend, hérite, achète et cerne peu à peu le royaume, il est déjà partout au cœur.

Le roi, quelle arme a-t-il contre le duc de Bourgogne ? Sa haute juridiction ; mais les provinces françaises de son adversaire, bien loin de réclamer cette juridiction, craignent de se rattacher au royaume, de partager ses extrêmes misères. La Bourgogne par exemple, à qui son duc ne demandait guère que des hommes, presque point d’argent, n’eût voulu pour rien au monde avoir affaire au roi[1].

Les pays, au contraire, qui se croyaient bien surs de n’être pas français, qui ne craignaient pas les empiétements de la fiscalité française, hésitaient moins à recourir au roi, à invoquer, sinon sa juridiction, au moins son arbitrage. Liège et Gand étaient en correspondance habituelle avec la France ; le roi y avait un parti, il y tenait des gens pour profiter des mouvements, pour les exciter quelquefois. Ces formidables machines populaires lui servaient, quand

  1. « Item, ils appellent les subjez du Roy qui vont es païs de mondit seigneur de Bourgogne : Traîtres, vilains, serfs, allez, allez payer vos tailles, et plusieurs autres villenies et injures. » (Archives du royaume, Trésor des chartes, J, 258, no 25.)