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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/314

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HISTOIRE DE FRANCE

ennemi, s’arrangea avec lui comme avaient fait les ducs d’Orléans, de Bourbon et tant d’autres, comme allait faire le duc de Bretagne. La duchesse de Bourgogne eut en grande partie le mérite de ces négociations[1].

Elle obtint du roi que les appels de Flandre seraient ajournés pour neuf ans[2]. Mais les Flamands ne pouvaient lui en savoir gré, cet ajournement devant profiter au conseil du comte, à ce tribunal qui siégeait contre eux, chez eux, et duquel ils se défendaient bien plus difficilement que des empiétements lointains du Parlement de Paris. L’indépendance que le comte se faisait ainsi contre la France et l’Empire, il ne l’obtenait que par des armements, des intrigues coûteuses, par des dépenses qui retombaient principalement sur la Flandre. La question de juridiction et tous les embarras qu’elle entraînait rendaient de plus en plus grave la question de subsides ; tandis que la cité souffrait chaque jour dans son indépendance et son orgueil, l’individu souffrait dans ses intérêts, dans son argent, c’est-à-dire dans son travail : car les guerres, les fêtes, les magnificences, devaient ajouter des heures à la journée de l’ouvrier.

L’impôt était non seulement lourd, mais singulièrement variable[3] ; de plus, réparti entre les provinces avec une odieuse inégalité[4]. La Bourgogne et le Hai-

  1. « Elle remit grande somme au roi de Sicile. » (Mathieu de Couci.)
  2. Archives du royaume, Trésor des chartes, J, 257, n° 38, 4 juillet 1445.
  3. Jusqu’à doubler ou tripler, dans les années 1436, 1440, 1443, 1445, 1452, 1457. App. 147.
  4. Ainsi, en 1406, au premier siège de Calais, la Flandre paye 47,000 écus