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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/320

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HISTOIRE DE FRANCE

comte ; s’en tenant ainsi à la lettre morte, ils firent semblant de croire que nommée voulait dire créée.

Cette décision ne décidait rien. Les nouveaux doyens des métiers trouvèrent par enquête qu’on avait furtivement enregistré des buissonniers dans le métier des tisserands[1] ; ils prononcèrent le bannissement des officiers qui, en introduisant ainsi des étrangers parmi les bourgeois, avaient violé le droit de cité. Le duc, par représailles, voulut bannir ceux qui avaient prononcé ce bannissement ; il les cita à comparaître à Termonde. Si les magistrats de Gand pouvaient ainsi être attirés hors de la ville, jugés pour leurs jugements, il n’y avait plus ni commune ni magistrats. Ceux-ci néanmoins, sur la promesse que le duc se contenterait de leur comparution et leur ferait grâce, vinrent se présenter humblement à lui. Et il n’y eut point de grâce ; il bannit l’un à vingt lieues pour vingt années, l’autre à dix lieues pour dix années, etc.[2].

Cette rude sentence indique assez que le duc ne demandait qu’une révolte, espérant écraser la ville, si le roi n’intervenait pas. Il agissait tout à la fois contre le roi et près du roi. Il lui adressait une supplique pour qu’il n’évoquât point l’affaire. Mais, par derrière, il poussait le duc de Bretagne et probablement le dauphin. Le roi voyait et savait tout. À ce moment même, il fit arrêter Jacques Cœur (31  juillet),

  1. App. 151.
  2. Ceci doit être une vieille formule de condamnation.