Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
GRANDEUR DE LA MAISON DE BOURGOGNE

Dans ce prodigieux gala les intervalles des services étaient remplis par d’étranges spectacles, chants, comédies, représentations fictives mêlées de réalités ! Parmi les acteurs, il y en avait d’automates, il y avait des animaux, par exemple un ours chevauché par un fol, un sanglier par un lutin. A un poteau l’on voyait, bien tenu par une chaîne, un lion vivant qui gardait une belle figure de femme nue, vêtue de ses cheveux par derrière, par devant enveloppée « pour cacher où il appartenoit d’une serviette déliée… escripte de lettres grecques[1]… » Cette figure de femme jetait de l’hypocras par la mamelle droite.

Trois tables étaient dressées dans la salle : « Sur la moyenne, une église croisée, verrée, de gente façon, où il y avoit une cloche sonnante et quatre chantres… Il y avoit un autre entremets d’un petit enfant tout nu qui pissoit eau rose continuellement[2]. » Sur la seconde table, qui devait être prodigieusement longue, on voyait neuf entremets ou petits spectacles avec leurs acteurs ; l’un des neuf entremets était « un pasté, dedans lequel avoit vingt-huit personnages vifs, jouant de divers instruments. »

Le grand spectacle mondain fut celui de Jason, conquérant de la Toison d’or, domptant les taureaux, tuant le serpent, gagnant sa bataille de Gavre sur les monstres mythologiques. Cela fait, commença l’acte

  1. Tout ceci est d’Olivier de La Marche, qui fui un dos principaux acteurs de la fête, qui fit les vers, etc.
  2. Tout le monde connaît le Mannekenpiss, chéri des gens de Bruxelles comme le plus vieux bourgeois de la ville. App. 160.