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régulier. L’Assemblée passa outre et procéda à la solennité du serment. En présence d’une foule émue de quatre mille spectateurs, les six cents députés, debout, la main levée, dans un silence profond, les yeux fixés sur l’honnête et grave figure de leur président, l’écoutèrent lisant la formule et crièrent : « Nous le jurons ! » Un sentiment universel de respect et de religion remplit tous les cœurs.

L’Assemblée était fondée, elle vivait ; il lui manquait la force, la certitude de vivre. Elle se l’assura en saisissant le droit d’impôt. Elle déclara que l’impôt, illégal jusqu’alors, serait perçu provisoirement « jusqu’au jour de la séparation de la présente Assemblée ». C’était, d’un coup, condamner tout le passé, s’emparer de l’avenir.

Elle adoptait hautement la question de l’honneur, la dette, et s’en portait garant.

Et tous ces actes royaux étaient en langage royal, dans les formules mêmes que le roi seul prenait jusqu’ici : « L’Assemblée entend et décrète… »

Finalement elle s’inquiétait des subsistances publiques. Le pouvoir administratif ayant défailli autant que les autres, la législature, seule autorité respectée alors, était forcée d’intervenir. Elle demandait au reste pour son comité de subsistances ce que le roi lui-même avait offert à la députation du Clergé, la communication des renseignements qui éclairaient cette matière. Mais ce qu’il offrait alors, il ne voulut plus l’accorder.

Le plus surpris de tous fut Necker ; il croyait naïve-