Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/191

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de La Rochefoucauld et l’archevêque de Paris, avaient couru à Marly, imploré le roi, la reine. Le 19, vaines disputes dans la chambre de la Noblesse ; Orléans propose de s’unir au Tiers, Montesquiou de s’unir au Clergé. Mais il n’y avait plus d’ordre du Clergé. Le même jour, les curés avaient emporté la majorité de leur ordre pour la réunion au Tiers, coupé l’ordre en deux. Le cardinal, l’archevêque, le soir même, retournent encore à Marly, se jettent aux genoux du roi : « C’est fait de la religion. » Puis viennent les gens du Parlement : « La monarchie est perdue, si l’on ne dissout les États. »

Parti dangereux, déjà impossible à suivre. Le flot montait d’heure en heure. Versailles, Paris, frémissaient. Necker avait persuadé à deux ou trois des ministres, au roi même, que son projet était le seul moyen de salut. On l’avait relu, ce projet, dans un dernier Conseil définitif, le vendredi 19, au soir ; tout était fini, convenu : « Déjà les portefeuilles se refermaient, dit Necker, lorsqu’on vit entrer un officier de service ; il parla bas au roi, et, sur-le-champ, Sa Majesté se leva, ordonnant à ses ministres de rester en place. M. de Montmorin, assis près de moi, me dit : « Il n’y a rien de fait ; la reine seule a pu se permettre d’interrompre le Conseil d’État ; les princes apparemment l’ont circonvenue. »

Tout fut arrêté : on pouvait le prévoir ; c’était pour cela, sans nul doute, qu’on avait mené le roi à Marly, loin de Versailles et du peuple, seul avec la reine, plus tendre et plus faible pour elle, dans leur