Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/240

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militaire éprouvé, écrivain patriote, plein de dévouement et de cœur.

Tout cela traînait, et la foule frémissait d’impatience, elle avait hâte d’être armée, et non sans raison. Les mendiants de Montmartre jetaient la pioche, descendaient en ville ; des masses d’hommes remuaient, inconnus, sans aveu. L’effroyable misère des campagnes avait rabattu de toutes parts des troupeaux d’affamés sur Paris ; la famine le peuplait.

Dès le matin, sur un bruit qu’il y avait du blé à Saint-Lazare, la foule y court et y trouve en effet une masse énorme de farines que les bons pères avaient entassées, de quoi charger plus de cinquante voitures, qui furent conduites à la Halle. On brisa tout, on mangea, on but ce qui était dans la maison ; du reste, on n’emporta rien ; le premier qui essaya de le faire fut pendu par le peuple même.

Les prisonniers de Saint-Lazare avaient échappé. On délivra ceux de la Force, qui étaient détenus pour dettes. Les criminels du Châtelet voulaient profiter du moment et déjà enfonçaient les portes. Le concierge appela une bande de peuple qui passait ; elle entra, fit feu sur les rebelles et les força de rentrer dans l’ordre.

Les armes du garde-meuble furent enlevées, mais plus tard remises fidèlement.

Les électeurs, ne pouvant plus différer l’armement, essayèrent de le limiter. Ils votèrent, et le prévôt prononça que chacun des soixante districts élirait, armerait deux cents hommes, et que tout le reste