Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/312

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La foule était dans une terrible inquiétude que Foulon ne se sauvât. On le leur montra à une fenêtre ; ils n’en forcèrent pas moins les portes ; il fallut l’asseoir sur une chaise devant le bureau dans la salle Saint-Jean. Là on recommença à les prêcher, à « leur exposer les principes », qu’il devait être jugé… « Jugé de suite et pendu ! » dit la foule. Elle nomma sur-le-champ des juges, entre autres deux curés, qui refusèrent… Mais place ! voici M. de La Fayette qui arrive. Il parle à son tour, avoue que Foulon est un scélérat, mais dit qu’il faut connaître ses complices. « Qu’on le mène à l’Abbaye ! » Les premiers rangs, qui entendent, consentent ; les autres, non. « Vous vous moquez du monde, dit un homme bien vêtu ; faut-il du temps pour juger un homme qui est jugé depuis trente ans ? » En même temps, un cri s’élève, une foule nouvelle pénètre ; les uns disent : « C’est le faubourg ! » les autres ; « C’est le Palais-Royal ! » Foulon est enlevé, porté à la lanterne d’en face ; on lui fait demander pardon à la nation. Puis hissé… Par deux fois la corde casse. On persiste, on en va chercher une neuve. Pendu enfin, décapité, la tête portée dans Paris.

Cependant Berthier arrivait par la porte Saint-Martin, à travers le plus épouvantable rassemblement qu’on ait vu jamais ; on le suivait depuis vingt lieues. Il était dans un cabriolet dont on avait brisé l’impériale afin de le voir. Près de lui, un électeur, Étienne de La Rivière, qui vingt fois faillit périr en le défendant et le couvrant de son corps. Des enragés dan-