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d’Orléans. Que le roi quittât Versailles, sa vieille cour, qu’il vécût à Paris au milieu du peuple, c’était, sans aucun doute, une forte chance pour Louis XVI de redevenir populaire. Si la reine (tuée ou en fuite) ne l’eût pas suivi, les Parisiens se seraient très probablement repris d’amour pour le roi. Ils avaient eu de tout temps un faible pour ce gros homme qui n’était nullement méchant, et qui, dans son embonpoint, avait un air de bonhomie béate et paterne, tout à fait au gré de la foule. On a vu plus haut que les dames de la Halle l’appelaient un bon papa ; c’était toute la pensée du peuple.

Cette translation à Paris, qui effrayait tant le roi, effrayait en sens inverse ceux qui voulaient affermir, continuer la Révolution, encore plus ceux qui, pour des vues patriotiques ou personnelles, auraient voulu donner la lieutenance générale (ou mieux) au duc d’Orléans.

Ce qui pouvait arriver de pis à celui-ci, qu’on accusait follement de vouloir faire tuer la reine, c’était que la reine fût tuée, que le roi, seul, délivré de cette impopularité vivante, vînt s’établir à Paris, qu’il tombât entre les mains des La Fayette et des Bailly.

Le duc d’Orléans était parfaitement innocent du mouvement du 5 octobre. Il ne sut qu’y faire ni comment en profiter. Le 5 et la nuit suivante, il s’agita, alla, revint. Les dépositions établissent qu’on le vit partout, entre Paris et Versailles, et qu’il ne