Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/111

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mouvement, croyant qu’il tournerait au profit du roi. Erreur. La Révolution était une chose si forte, dans un tel mouvement ascendant, que tout événement nouveau, pour ou contre, finissait toujours par la favoriser, la pousser plus vite encore. Dans cette affaire du serment, il arrivait ce qui arrive toujours pour toute passion violente. Chacun, en prononçant des mots, ne leur donnait nul autre sens que ce qu’il avait dans le cœur. Tel avait juré pour le roi, qui n’avait rien entendu sinon jurer pour la patrie.

On remarqua qu’au Te Deum, le roi n’était pas venu à Notre-Dame, qu’il n’avait pas, comme on l’espérait, juré sur l’autel. Il voulait bien mentir, mais non pas se parjurer.

Dès le 9 février, pendant que les fêtes duraient encore, Grégoire et Lanjuinais dirent que la cause des désordres était la non-exécution des décrets du 4 août ; donc qu’il ne fallait pas faire halte, mais bien avancer.

Les tentatives des royalistes pour rendre la force et les armes au pouvoir royal ne furent pas heureuses. Maury essaya la ruse, disant qu’au moins dans les campagnes, il fallait permettre à la force armée d’agir, sans autorisation des municipalités. Cazalès essaya l’audace, ouvrit l’avis étrange de donner au roi la dictature pour trois mois. Ruse grossière. Mirabeau, Buzot, d’autres encore, déclarèrent nettement qu’on ne pouvait se fier au pouvoir exécutif. L’Assemblée ne se fia qu’aux municipalités, leur donna tout pou-