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servir. Quelle garantie pouvait le rassurer là-dessus ? Il venait lui-même de proclamer devant l’Assemblée combien peu il se fiait au pouvoir exécutif. Pour le rassurer, Louis XVI écrivit à La Marck qu’il n’avait jamais désiré qu’un pouvoir limité par les lois.

Pendant cette négociation, la cour en menait une autre avec La Fayette. Le roi lui promettait par écrit la confiance la plus entière. Le 14 avril, il lui demandait ses idées sur la prérogative royale. Et La Fayette avait la simplicité de les lui donner.

Sérieusement, que voulait la cour ? Amuser et rien de plus, endormir La Fayette, neutraliser Mirabeau, amortir son action, le tenir partagé entre des tendances diverses, peut-être aussi le compromettre, comme on avait compromis Necker. La cour mit toujours sa profonde politique à perdre et ruiner ses sauveurs.

Exactement à la même époque et de la même manière, le frère de la reine, Léopold, négociait avec les progressistes belges, les compromettait, puis, menacés par le peuple, dénoncés et poursuivis, les amenait à désirer l’invasion, le rétablissement de l’Autriche[1].

Comment croire que ces démarches du frère et de la sœur, précisément identiques, se soient accordées par hasard ?

Mirabeau devait bien y regarder à deux fois avant de se fier à la cour. C’était le moment où le roi,

  1. Sur la conduite de Léopold en Europe, en Belgique spécialement, voir Hardenberg, Borguett, etc.