Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/141

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Le Clergé n’avait pas la foi, mais il trouvait pour instruments des personnes qui l’avaient encore, des âmes pieuses, convaincues, des visionnaires ardents, têtes poétiques et bizarres qui ne manquent jamais, spécialement en Bretagne. Une Mme de Pont-Levès, femme d’un officier de marine, publia la Compassion de la Vierge pour la France, petit livre brûlant, mystique, livre de femme pour les femmes, propre à les troubler et les rendre folles.

Le Clergé avait encore une action bien facile sur ces pauvres populations sans connaissance de la langue française. Il leur laissait ignorer la suppression des dîmes et du casuel, passait sous silence l’abolition successive des impôts indirects et les jetait dans le désespoir en leur montrant tout le poids des taxes qui écrasait la terre, leur annonçant qu’on allait tout à l’heure prendre le tiers de leurs meubles et de leurs bestiaux.

Le Midi offrait d’autres éléments de trouble, non moins favorables, des hommes de passion sèche, actifs, ardents, politiques, esprits d’intrigue et de ruse, propres non seulement à soulever, mais à organiser, régler, diriger le soulèvement.

Le véritable secret de la résistance, la voie unique qui donnait des chances sérieuses à la contre-révolution, l’idée de la future Vendée, fut formulé d’abord à Nîmes : Contre la Révolution, point de résultat possible, sans la guerre religieuse. — Autrement dit : Contre la foi, nulle autre force que la foi.

Voie terrible, à faire reculer, quand on se souvient…