Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/145

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1o La reine, l’ambassadeur d’Autriche, son principal conseiller, attendent que l’Autriche, libre de son affaire de Belgique et se ralliant l’Europe, puisse menacer la France, la contraindre (au besoin) par corps ;

2o L’émigration, le comte d’Artois, les brillants chevaliers de l’Œil-de-Bœuf, qui s’ennuient fort à Turin, qui ont hâte de retrouver leurs maîtresses et leurs actrices, voudraient que l’étranger agît tout d’abord, leur rouvrît la France, n’importe à quel prix ; en 1790, ils voudraient 1815 ;

3o Le clergé est encore moins disposé à attendre. Exproprié par l’Assemblée, poussé peu à peu de chez lui et mis à la porte, il voudrait armer aujourd’hui sa nombreuse clientèle de paysans, de fermiers. Aujourd’hui, demain peut-être, tout s’attiédira. Que sera-ce, si le paysan s’avise d’acheter des biens ecclésiastiques ?… Alors la Révolution aurait vaincu sans retour.

Nous l’avons vu en octobre faire feu avant l’ordre. Nouvelle explosion, et dans l’Assemblée même, en février. C’était le moment où l’homme de Nîmes, revenu de Turin, courait la campagne, organisait les sociétés catholiques, travaillait à fond le Midi.

Au milieu de la discussion sur l’inviolabilité des vœux, un membre de l’Assemblée invoqua les droits de la nature, repoussa comme un crime de l’ancienne barbarie cette surprise à la volonté de l’homme, qui, sur un mot échappé, peut-être arraché de sa bouche, le lie, l’enterre pour toujours… Là-dessus des cris